Des scientifiques ont inventé un nouvel antivenin pour les piqûres de veuves noires européennes, qui utilise des anticorps humains pour atténuer les effets des toxines douloureuses de l’arachnide.
Ce nouveau traitement pourrait être supérieur aux antidotes existants, mais il devra faire l’objet de tests beaucoup plus poussés avant d’être mis à la disposition des victimes.
Lorsque la veuve noire européenne mord, elle injecte à sa victime une puissante toxine appelée alpha-latrotoxine. L’alpha-latrotoxine attaque le système nerveux et peut déclencher une maladie appelée latrodectisme, dont les symptômes sont des douleurs intenses, des maux de tête et des nausées.
En l’absence de traitement, les symptômes peuvent durer plusieurs jours, mais la maladie est rarement mortelle.
Les personnes qui ont été mordues par une veuve noire européenne se voient généralement prescrire des analgésiques, tels que des opioïdes et des benzodiazépines, pour traiter leurs symptômes. Elles peuvent également recevoir un antivenin contenant des anticorps provenant de chevaux auxquels on a injecté de l’alpha-latrotoxine et qui ont ainsi développé une immunité contre celle-ci.
Une fois injectés dans le corps humain, ces anticorps de cheval contribuent à renforcer la réponse immunitaire de la personne au venin, en contrant les effets de l’alpha-latrotoxine sur le système nerveux.
Cependant, comme l’antivenin provient de chevaux, il peut être reconnu comme « étranger » par le système immunitaire. Dans un petit nombre de cas, le système immunitaire peut alors s’emballer, provoquant des réactions allergiques potentiellement mortelles et ce que l’on appelle la « maladie sérique ».
L’efficacité de ce traitement dérivé du cheval peut également varier considérablement d’un lot d’anticorps à l’autre. Pour éviter ces problèmes potentiels, les chercheurs ont cherché à utiliser des anticorps humains générés en laboratoire.
Les anticorps qu’ils ont générés ciblent l’alpha-latrotoxine et pourraient théoriquement être « fabriqués sur commande » en fonction des besoins, plutôt que de devoir attendre que les chevaux produisent des anticorps.
Comme les nouveaux anticorps contiennent des éléments constitutifs exclusivement humains, ils ne déclencheraient pas de réactions immunitaires dangereuses.
Jusqu’à présent, ce nouvel antivenin n’a été testé qu’en laboratoire. Mais grâce à des tests plus poussés, les anticorps pourraient éventuellement fournir aux patients un antivenin plus sûr et plus efficace.
Dans cette nouvelle étude, l’équipe a testé plus de 10 milliards d’anticorps différents pour déterminer si l’un d’entre eux était capable de se lier à l’alpha-latrotoxine et de la neutraliser. Au total, l’équipe a identifié 45 anticorps humains capables de le faire, dont un en particulier, appelé mru44-4-a1, qui présentait des niveaux élevés de neutralisation.
Lorsqu’un antivenin neutralise une toxine, il l’empêche de se lier aux cellules et donc de faire des ravages dans l’organisme.
La veuve noire européenne, que l’on trouve principalement dans les régions méditerranéennes, est l’un des plus de 30 types de veuves noires dans le monde, y compris la veuve noire méridionale, originaire d’Amérique du Nord.
Bien que les nouveaux anticorps semblent fonctionner pour la toxine de la veuve noire européenne, l’équipe a découvert, lors d’une autre expérience, que seuls deux des anticorps étaient efficaces contre le venin de la veuve noire méridionale.
Il faudra peut-être des années avant que le nouvel antivenin contre les morsures de veuves noires européennes ne soit utilisé en pratique. Au minimum, quelques années de recherche seront nécessaires pour tester la sécurité et l’efficacité du nouvel antivenin sur des cellules et des animaux. Ces résultats devront ensuite être reproduits dans le cadre d’essais cliniques sur l’homme, ce qui pourrait prendre encore dix ans.