Amazon a enfin lancé sa première série de satellites Project Kuiper. Ce déploiement, qui a été considérablement retardé en raison de ralentissements dans la fabrication et d’annulations de dernière minute, marque une étape importante dans le développement du service Internet haut débit par satellite d’Amazon.
Bien qu’il s’agisse d’un moment important pour le projet Kuiper, les détails sont en réalité peu impressionnants. Amazon n’a envoyé que 27 satellites en orbite basse, soit une fraction des 3 236 satellites qui composeront à terme sa « constellation ». L’entreprise est tenue de mettre en orbite la moitié de ces satellites d’ici le 30 juillet 2026, mais à ce rythme, elle devra peut-être négocier un nouveau délai réglementaire avec la FCC.
Le déploiement inaugural du projet Kuiper devait en fait avoir lieu l’année dernière, mais Amazon a eu du mal à obtenir une fusée Atlas V auprès de United Launch Alliance (une coentreprise formée par Boeing et Lockheed Martin). De toute évidence, Blue Origin, la société détenue par Jeff Bezos, n’a pas été en mesure de relever le défi. Et bien que SpaceX effectue plusieurs centaines de lancements de fusées chaque année, il semble qu’Amazon n’ait pas réussi à obtenir une date de lancement auprès de la société détenue par Elon Musk. Soit cela, soit Amazon a délibérément choisi un autre prestataire afin d’éviter de partager la une des journaux avec SpaceX, qui détient actuellement le monopole d’Internet haut débit par satellite.
Il faudra également attendre quelques jours pour savoir si ce lancement est réussi ou non. Au moment où nous écrivons ces lignes, Amazon n’a pas encore confirmé le premier contact avec ses 27 satellites. La société a en effet rencontré de nombreuses difficultés dans la fabrication de ces satellites (seules « quelques dizaines » étaient entièrement assemblées au 6 avril) et nous avons déjà vu des satellites SpaceX tomber en panne une fois en orbite. Amazon fait donc preuve de prudence en attendant de sabrer le champagne.
Malgré tous ces défis, Amazon vise à commencer à fournir le service Internet haut débit par satellite Project Kuiper après avoir mis 578 satellites en orbite, ce qui devrait se faire avant la fin de l’année. Mais je ne suis pas sûr que cet objectif soit réaliste. Amazon n’a plus que cinq missions prévues avec la United Launch Association en 2025, et il n’est pas rare que des vols soient retardés ou annulés en raison de conditions défavorables. Amazon a déjà dû reporter un vol prévu le 9 avril en raison du mauvais temps.
Quelle que soit sa date de lancement, le projet Kuiper apportera une concurrence bien nécessaire sur le marché d’Internet à haut débit par satellite et introduira des innovations intéressantes, notamment un récepteur satellite ultra-compact, dans le monde de l’électronique grand public. Il constituera également un atout puissant pour le gouvernement américain et ses alliés, un rôle que Starlink de SpaceX remplit déjà dans une certaine mesure. Cela dit, il convient d’ajouter quelques précisions à ce dernier point, car Internet par satellite est vulnérable à des formes particulières de guerre ou de piratage. Et malgré le fait que ces projets d’Internet par satellite soient fortement subventionnés, ils peuvent aller à l’encontre des contrats du Pentagone avec un minimum de répercussions. Ils sont assez autonomes.
Les préoccupations environnementales font également partie de ces projets. Les fusées rejettent d’énormes quantités de noir de carbone et d’autres polluants dans la haute atmosphère. Nous n’avons eu que 87 lancements de fusées en 2015, mais 300 sont prévus pour 2025. Les experts climatiques affirment que l’impact environnemental des fusées est encore négligeable, mais si le nombre de vols annuels continue de se multiplier, le noir de carbone que nous rejetons dans l’atmosphère accélérera le réchauffement climatique et pourrait inverser la reconstitution de la couche d’ozone.
